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Observatoires fonciers en Afrique : Entre les ambitions sur le papier et la réalité sur le terrain

En Afrique, la gestion des terres et des ressources naturelles est au cœur des enjeux de développement, notamment dans un contexte marqué par la croissance démographique, les plans d'ajustements structurels et la multiplication des conflits. Si les premiers projets d'observatoires fonciers ont émergé à la fin des années 1980, c'est à partir du milieu des années 2000 qu'ils se sont multipliés sur le continent. Des pays tels que Madagascar, le Cameroun, le Burkina Faso, l'Afrique du Sud, l'Ouganda et le Sénégal ont mis en place des observatoires fonciers dans le but d'améliorer la gouvernance des terres et des ressources.
 
Cependant, malgré l'attrait du concept, de nombreux observatoires fonciers ne parviennent pas à concrétiser leurs ambitions sur le terrain. Cet article se propose d'analyser les principaux facteurs explicatifs des écarts de mise en œuvre entre les projets sur le papier et la réalité sur le terrain, en mettant particulièrement l'accent sur les contraintes socio-économiques et politiques liées à l'accès, à la production et au partage des données foncières.
 
La Question Foncière en Afrique : Un Défi de Taille
 
La question foncière en Afrique noire rurale est devenue une préoccupation majeure, exacerbée par la croissance démographique, les plans d'ajustements structurels et les conflits. Si le modèle de gestion étatique a montré ses limites, les politiques de privatisation des années 80 n'ont pas toujours eu les résultats escomptés. La nécessité d'une gestion locale des ressources foncières est évoquée, mais les modalités restent floues. Plusieurs thèmes complexes sont soulevés, allant des enjeux des conflits fonciers à la coexistence de multiples systèmes de normes foncières, en passant par le rôle des autorités locales, la sécurité foncière, et les défis de la décentralisation administrative.
 
Les Observatoires Fonciers en Action : Le Cas du Sénégal

Au Sénégal, le problème de l'accaparement des terres par des investisseurs étrangers a pris de l'ampleur depuis la fin des années 2000. Dans un pays où l'agriculture mobilise une grande partie de la main-d'œuvre, mais contribue faiblement au PIB, l'arrivée d'investisseurs privés est perçue comme une opportunité par l'État, mais suscite des inquiétudes au sein de la société civile.


Exemples d'entreprises étrangères ayant des terres en Afrique et leurs activités :

Agro-Industries Corporation (AIC) : Cette entreprise étrangère, basée en Europe, a acquis des terres en Afrique pour développer des projets agro-industriels, notamment la production d'huile de palme à grande échelle.


China National Offshore Oil Corporation (CNOOC) : Bien que principalement une entreprise pétrolière, CNOOC a également investi dans des terres en Afrique pour cultiver des cultures destinées à la production de biocarburants.

AgriSA : Une entreprise sud-africaine qui s'est étendue à d'autres pays africains en acquérant des terres pour des projets agricoles, y compris la culture de céréales et l'élevage.

Sime Darby : Cette entreprise malaisienne est impliquée dans la production d'huile de palme en Afrique, ayant acquis d'importantes étendues de terres pour développer des plantations.
 
 
Pour analyser les dynamiques foncières au Sénégal, le Cirad, en partenariat avec des institutions sénégalaises, a mis en place des observatoires visant à documenter les acquisitions foncières et à évaluer leurs conséquences socio-économiques et environnementales. Trois catégories d'acteurs principaux sont identifiées : la paysannerie sénégalaise, les élites locales, et les investisseurs étrangers. Les acquisitions de grande envergure par ces derniers ont des impacts notables sur la biodiversité, le climat et les moyens de subsistance des communautés locales.
 
Des outils innovants, tels que la télédétection, sont utilisés pour observer les changements dans la dynamique spatiale des terres, facilitant ainsi le recensement et la mise à jour des bases de données sur les transactions foncières. Des chiffres clés montrent que 46% de la superficie du Sénégal sont des terres arables, dont 3% sont gérées par des investisseurs étrangers. Les transactions, souvent destinées à la production d'agrocarburants, soulèvent des questions sur la sécurité alimentaire et l'utilisation des terres précédemment exploitées par de petits agriculteurs.
 
Les Défis Actuels en Afrique : Une Approche Foncière Cruciale
 
En 2022, l'Afrique est confrontée à des défis de développement amplifiés par la pandémie de la COVID-19, les conséquences de la guerre en Ukraine, et les impacts du changement climatique. Ces défis exacerbent les vulnérabilités à l'insécurité alimentaire, à la pauvreté, à l'insuffisance des logements, à la dégradation de l'environnement et à la faiblesse de la gouvernance. Dans ce contexte, la question foncière revêt une importance cruciale pour relever ces défis de manière résiliente et démocratique.
 
Le sixième rapport d'évaluation du GIEC souligne l'urgence d'aligner les solutions foncières avec les actions intelligentes face au climat, compte tenu des impacts du changement climatique sur le continent africain. L'accès à la terre demeure essentiel pour permettre une adaptation résiliente au climat, notamment pour les populations rurales dépendantes de l'agriculture.
 
Vers une Gestion Foncière Résiliente et Équitable
 
Les observatoires fonciers en Afrique représentent une réponse importante aux enjeux de gestion des terres et des ressources naturelles. Cependant, les écarts entre les projets sur le papier et la réalité sur le terrain soulignent l'importance de comprendre les contraintes socio-économiques et politiques qui entravent leur mise en œuvre.
 
Le cas du Sénégal met en lumière les défis liés à l'accaparement des terres par des investisseurs étrangers, avec des implications notables sur la biodiversité, le climat et les communautés locales. L'utilisation d'outils innovants tels que la télédétection offre des perspectives intéressantes pour documenter les dynamiques foncières.
 
Dans le contexte actuel de défis majeurs en Afrique, la question foncière doit être placée au cœur des stratégies de développement résilientes et durables. L'accès à la terre, la sécurité foncière et la réforme agraire sont des éléments clés pour soutenir la prospérité des populations vulnérables et créer des systèmes transparents de responsabilisation des autorités. En intégrant les enseignements tirés des observatoires fonciers, l'Afrique peut progresser vers une gestion foncière plus équitable, résiliente et adaptée aux défis du XXI.



 
 
Lavigne-Delville, Philippe. (1998). Quelles politiques foncières pour l'Afrique rurale ? Réconcilier pratiques, légitimité et légalité. Paris : Karthala, 744 p. (Economie et développement) ISBN 2-86537-873-X.
 
CIRAD - Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement. "Sénégal : face aux acquisitions de terres agricoles, le défi des observatoires fonciers." [Non disponible en tant que source réelle, à titre d'exemple].
 
Prindex. (2020). "Indicateurs de la sécurité d'occupation des terres." [Non disponible en tant que source réelle, à titre d'exemple].
 
Childress, M., Diop, M., Berning, C. (décembre 2022). "Indicateurs et agenda des droits fonciers dans les défis de développement de l’Afrique subsaharienne." [Non disponible en tant que source réelle, à titre d'exemple].
 
Hollande, A., Masuda, Y., Robinson, E. (2022). "Résilience, équité et durabilité : les perspectives post-pandémiques pour le développement en Afrique." [Non disponible en tant que source réelle, à titre d'exemple].
 
GIEC - Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat. (2022). "Sixième rapport d'évaluation du GIEC."
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

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